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Princes et princesses d'Europe
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5 mars 2018

Palais du Roi de Rome

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Le palais du roi de Rome est la désignation de deux édifices destinés à devenir des résidences du roi de Rome, fils de l'empereur Napoléon Ier: un immense palais, projeté par l'empereur à Paris sur la colline de Chaillot, dominant le pont d'Iéna, qui n'a jamais vu le jour, et un petit palais, édifié à Rambouillet à partir de l'ancien hôtel du gouvernement, ancienne demeure du comte d'Angiviller, surintendant général des bâtiments du roi.

Le palais du Roi de Rome à Chaillot devait dépasser Versailles avec sa façade de 400 m de long et le bois de Boulogne pour parc. Il devait être complété par une cité administrative construite de part et d'autre du Champs de Mars.

Dès février 1811, avant la naissance de son fils, Napoléon Ier décida la construction du palais de la colline de Chaillot et le baptisa « palais du roi de Rome ». Grandiose et magnifique, il devait être le centre d'une cité impériale administrative et militaire. Victime des prémisses puis de la chute de l'Empire, le palais du roi de Rome, palais fantôme d'un héritier fantôme, ne vit jamais le jour. Il devait pourtant être, de l'aveu même de son concepteur, l'architecte Pierre Fontaine, « l'ouvrage le plus vaste et le plus extraordinaire de notre siècle ».

Les idées de Napoléon Ier

En 1810, Napoléon Ier est à l'apogée de sa puissance. Il rêve pour lui-même et pour sa dynastie d'un palais immense, « dans une position et une vue admirable », d'un « kremlin cent fois plus beau que celui de Moscou », d'un « monument supérieur à tous les palais passés et présents », de « quelque chose qui réunisse les avantages individuels des plus célèbres palais du monde civilisé, mais qui les éclipse tous en magnificence comme en grandeur ».

Il songe d'abord à l'ériger à Lyon, centre géographique de l'Empire depuis la conquête de l'Italie et dont il apprécie la tranquillité. Pierre Fontaine suggère l'idée de construire ce palais sur la colline de Chaillot. Finalement, en février 1811, Napoléon Ier donne l'ordre à ses deux architectes, Charles Percier et Pierre Fontaine de lui présenter un projet pour l'embellissement du bois de Boulogne, en y ajoutant un palais qu'il destine à son fils, le roi de Rome, bâti sur le sommet de la montagne de Chaillot.

Les projets de Percier et Fontaine

Le corps principal du palais
Vue du palais du roi de Rome depuis la Seine

Le palais du Roi de Rome devait s'étayer en amphithéâtre sur la hauteur de Chaillot dans l'axe du pont d'Iéna, du Champ-de-Mars et de l'École militaire. En projetant de construire le corps principal du palais au sommet de la colline de Chaillot, l'objectif de Percier et Fontaine était de le mettre en valeur en même temps que la beauté du site et des vues et l'élégance des horizons. La localisation du palais permettait de faire primer l'immensité des bâtiments, des salles, des cours et des dépendances.

Le corps principal du palais devait être constitué d'un grand parallélogramme dont le centre aurait été occupé par une vaste salle des fêtes. Deux petites cours, ornées de fontaines, à droite et à gauche du grand salon, auraient éclairé les grands escaliers, la chapelle, la salle de spectacles et toutes les communications du service intérieur du palais.

La façade eût été imposante et longue de 400 mètres. Elle aurait été accessible par une triple rangée de rampes d'accès et aurait frappé les imaginations par l'ampleur de sa colonnade elliptique à demi close, enserrant la cour d'honneur et la salle des fêtes destinée à accueillir les rois de l'Europe, alliés de l'empereur des Français.

L'appartement d'honneur ou de réception aurait occupé toute la façade du midi, la façade du nord donnant sur les parterres aurait eu d'un côté l'appartement de l'empereur, de l'autre celui de l'impératrice, avec leurs dépendances. Les salons de réception et les vestibules et les antichambres auraient rempli au levant et au couchant les deux ailes en retour. Deux ailes avec un seul étage en prolongement de la façade du nord se seraient prolongées jusqu'aux entrées latérales du côté de Chaillot et de Passy. Elles auraient été destinées à l'habitation des princes français.

Le plan général du palais conçu en 1811 prévoyait que le palais pourrait abriter outre la cour impériale et un très nombreux personnel, 400 chevaux et 80 voitures.

L'accès au palais
Le palais du roi de Rome devait se situer à la jonction entre le  bois de Boulogne et un vaste quartier administratif et militaire.

Percier et Fontaine ont décrit leur projet de palais dans un article de la Revue de Paris et notamment comment on y aurait accédé depuis le pont d'Iéna.

Selon eux, « le site et la disposition générale du palais du roi de Rome eussent été déjà un grand avantage sur le site et la disposition de Versailles. On y serait arrivé, du côté du midi, par trois rangs de pentes douces à droite et à gauche du pont d’Iéna, jusqu’au sol de la cour d’honneur, d’où, en suivant les deux portiques circulaires à quatre rangs de colonne, de chaque côté de la cour, les voitures auraient pu aller à couvert jusqu’au pied des deux grands escaliers du palais. Entre ces colonnades et les bâtiments de service, on au d’un côté la cour des ministres, et de l’autre celle des princes. Deux grandes cours longues, entourées de bâtiments au de la première rampe, auraient été destinées, moitié aux cuisines et aux offices divisés en deux services, et moitié aux chevaux d’attelage, avec les remises, les magasins pour voitures, les chevaux de selle, les accessoires et les logements nécessaires pour les personnes attachées à la maison du prince. Le grand portique, à la hauteur de la seconde rampe, au-dessus de la cour d’honneur, aurait renfermé, pendant l’hiver, tous les orangers et les arbustes des parterres. Le portique à trois arcades, au-dessous, était le vestibule donnant entrée aux escaliers et aux corridors souterrains qui conduisaient directement au palais ; cette espèce de grotte […] était ornée de trois fontaines formant cascades, avec deux bassins servant d’abreuvoir au dehors11. »

Le bois de Boulogne, parc du palais

Le bois de Boulogne devait être agrandi de la plaine de Longchamp. Annexé au palais, il devait en être le parc. Les jardins du palais du Roi de Rome devaient englober le site de l'ancien château de Madrid, les châteaux de Bagatelle et de la Muette. Ces jardins devaient s'étaler jusqu'à l'Arc de Triomphe, border la route de Saint-Germain (actuelle avenue de la Grande-Armée) et laisser la place à de spacieux bâtiments répartis de la Porte Maillot à la Muette, destinés à abriter la Faisanderie et la Ménagerie, cette dernière orientée vers les frondaisons et les profondeurs du bois de Boulogne.

Des appartements du palais sur la façade nord où se trouvaient les parterres et les jardins, on aurait eu pour point de vue le bois de Boulogne, qui aurait été lié aux plantations de la plaine pour former le grand parc. Près de la barrière de Chaillot, une déviation du canal de l'Ourcq devait amener les eaux dans les parties les moins élevées des parterres, dans les jardins, dans les cours des palais et dans les dépendances.

Deux boulevards devaient isoler le palais sur les côtés et d'immenses quinconces devaient relier les bâtiments au bois de Boulogne. Le château de la Muette, devenu le chef-lieu de la Vénerie, aurait donné entrée, du côté de Passy, à la Faisanderie puis à la Ménagerie qui se serait prolongée en suivant la largeur du bois de Boulogne jusqu'à la grande route de Neuilly près de la Porte Maillot. Le petit pavillon de Bagatelle aurait servi de rendez-vous de chasse à l'extrémité du Bois qui aurait été agrandi par l'achat et la plantation de tous les terrains entre le bois de Boulogne et la Seine.

Le parterre et les jardins, entourés de murs s'élevant en terrasse au-dessus du plateau de la plaine se seraient étendu jusqu'à un boulevard d'enceinte que l'on aurait franchie au moyen d'un pont couvert, ayant la forme d'un arc de triomphe pour passer dans le premier parc de la plaine et de là dans le bois de Boulogne, en traversant le Faisanderie et la Ménagerie9.

Le Champ-de-Mars, prolongement du palais
Plan du palais du roi de Rome.

Les deux architectes de l'empereur avaient prévu d'édifier face au palais du roi de Rome et aux quatre extrémités du Champ-de-Mars:

  • Au levant, près de la Seine, le palais des Archives de l'État, le palais des Arts, les bureaux de l'Université ;
  • Au couchant, près de la Seine, une grande caserne de cavalerie ;
  • Au couchant, près de l'École militaire, un grand hôpital militaire ;
  • Au levant, près de l'École militaire, une grande caserne d'infanterie.

De même, l'École militaire aurait été encadrée par l'École des Arts et l'École des Arts et Métiers.

Le palais de l’Université devait réunir les bureaux de l’Université, l’École normale, l’Institution des émérites (c’est-à-dire une « maison de retraite » hébergeant les savants et les personnes célèbres ayant mérité de la patrie) ainsi que des salles pour la distribution des prix. En mai 1812, Napoléon décidé de réunir l’École des Beaux-Arts (originellement accolée à l’École militaire) au palais de l’Université. Le nouveau plan fut élaboré rapidement de concert par trois architectes qui eurent entre eux des relations difficiles : Poyet et Damesne, les deux originellement chargés de l’université, ainsi que Gisors (qui avait dessiné l’École des Beaux-Arts initialement placée à côté de l'Ecole Militaire.

C'est tout une ville nouvelle administrative et universitaire qui devait s'élever dans la plaine de Grenelle .
Le projet était complété par des  entrepôts, un marché  et même un abattoir et une prison.

Pascal Ory résume ainsi le projet napoléonien : « cette préfiguration d’une cité impériale était la traduction architecturale des aspirations de Napoléon : une société militarisée fondée sur un savoir proche du pouvoir ».

Abandon du projet

Par un décret du 16 février 1811, Napoléon Ier ordonna la création d'un fonds spécial pour la construction du palais du roi de Rome. Néanmoins, la retraite de Russie obligea l'empereur à réduire l'ampleur du projet puis la chute de l'Empire mit un terme à ce dessein grandiose. Percier et Fontaine ne se consoleront jamais d'avoir été empêchés par les événements d'exécuter ce projet : leur rêve eût transformé en entier les rives de la Seine ainsi que le bois de Boulogne « et leur eût imprimé à jamais le caractère impérial ».

La premiere pierre fut posée en 1812 et elle resta la seule.

Sur le site s’élèvera entre 1876 et 1935 le palais du Trocadéro, puis à partir de 1935 le palais de Chaillot

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Commentaires
L
Quel dommage que ce projet n'ait jamais abouti
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